Prix de l’Opéra de Berlin 2018

Prothesen der Autonomie

Un monodrame de science-fiction déroulant l’Histoire de l’opéra et son regard phallocentrique
Premiere Cast
Constanze Jader + LUX:NM + Sebastian Berweck. Zsófi Geréb, mise-en-scène; Florence Klotz & Vanessa Vadineanu, scénographie

Nous assistons à l’évolution d’un de ces robots, l’éveil progressif de sa conscience au long de ses performances de trois rôles pré-programmés d’héroïnes standard. Alors que le robot se réinitialise selon les différents logiciels (correspondant aux rôles fameux de la Comtesse dans Les Noces de Figaro de Mozart, la Madame Butterfly de Puccini, et pour finir la Lulu de Berg), elle s’interroge sur les destins de ces personnages et s’instruit à partir de leurs histoires. Que va-t-elle faire à présent de cette connaissance, et comment va-t-elle construire son propre récit? Représentée par un mince quatuor d’instruments soigneusement assortis (vln, vlc, acc, synth), la musique se révèle tout aussi richement stratifiée que notre héroïne, suggérant un orchestre luxuriant et des messages d’erreur alarmants. Elle accompagne au travers d’un univers sonore saturé d’émotions, l’ «éveil» naissant de notre personnage central.

« Nous avons été impressionnés par la palette de couleurs dans la composition musicale et par le rendu dramaturgique percutant de cette oeuvre complexe au discours très intellectuel. »
propos du Jury du Berliner Opernpreis

On est en 2180 et un régime matriarcal post-utopiste règne sur l’humanité. La valeur fondamentale de l’organisation du monde est la protection de l’intégrité émotionnelle et psychologique : tout dommage, toute blessure ou tout traumatisme doivent être radicalement écartés. Ce meilleur des mondes a façonné et mis en application des produits destinés à générer une intimité sans risque, le but étant d’éviter à tout prix la souffrance humaine.

L’opéra, dont le canon fait découler la souffrance de la libération émotionnelle/catharsis, est encore porté sur scène afin de créer des moments d’évasion hors de la réalité et pour célébrer des retours nostalgiques au romantisme narcissique. Cependant, comme toute tâche impliquant un fardeau émotionnel, l’art lyrique a été sous-traité aux robots. Ces robots sont programmés par l’ «Union pour la Prévention du Travail Émotionnellement Stressant» pour incarner les rôles féminins conformes aux règles du vieil opéra.

Neuköllner Oper
2018
Mezzosoprano + Vln, Vlc, accordéon & synthétiseur
40 Min
Texte: Franziska vom Heede